REFLETS DE CAMPAGNE
– Article repris de mon ancien site professionnel –
Fait de contes et de petits pâtés de campagne
Et aussi, forcément, d’un peu d’eau de boudin
Pour la gloire… Non ! Pour l’honneur !… Non ! Pour le quantum !… Non ! Pour le fun !… Non !… Et puis crotte ! Pour rien du tout !!
On ne plaisante pas avec la démocratie
« Petits candidats » = quantité très très très négligeable
Les « petits candidats » sont-ils les boulets de la démocratie ? Sont-ils la risée de la France ?
Puisque l’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même – l’expérience l’a maintes fois prouvée et le prouve une fois encore – j’en profite un max tant que je tiens la plume et qu’on me laisse écrire !
Voici donc, une fois encore, ma petite contribution versée au débat.
Le récent non-débat – ou faux débat ou parodie de débat ou débaticule… – emblématique de l’élection présidentielle française l’a une fois bien encore démontrée, l’accès à la presse – ou du moins au gros d’entre elle – est un réel fléau pour les candidats des partis politiques considérés comme « petits » (petits rimant facilement et largement dans l’esprit de nos contemporains avec amateurs, dilettantes, voire parfois clowns), c’est-à-dire tous ceux ne faisant pas partie du sérail, du show biz pol, du club très sélect des stars de la politique – qui monopolisent les antennes et que l’on voit étalé(e)s à longueur d’années sur les couvertures glacées des magazines –, du « top 5 des partis pol » et, par voie de conséquence, non – ou alors si peu – arrosés par les deniers publics, mais pour autant non totalement dénués d’idées pertinentes, progressistes, novatrices, loin s’en faut.
Oui, je l’ai maintes fois déjà entendu… et on nous le rappelle régulièrement : il y a trop de candidats et, surtout, beaucoup trop de petits candidats !… De ceux qui n’ont rien à faire là, petits apprentis crétins à vouloir jouer dans la cour des grands (crétins faut-il sous-entendre ?). On s’interroge même volontiers : sont-ce encore des candidats ?! Ou sont-ce des demandeurs d’emploi cherchant gauchement un débouché à leur ennui ? Ou s’agit-il possiblement d’un nouveau casting pour un remake de Où est passée la 7e compagnie ou de Vacances au camping ?
Dans ce contexte, les insinuations récurrentes sur les petits partis politiques soi-disant éhontément profiteurs de la manne publique se font de plus en plus iniques et nauséabondes. Infailliblement l’argumentation soulève le même exemple totalement inédit, atypique, que l’on généralise à tout va, à tous crins. Ce sont au contraire les « grands » partis les plus gros profiteurs du système de financement (de façon très arithmétique) et en vérité ils leur insupportent de devoir en laisser fût-ce une miette aux “petits” mouvements qu’ils exècrent au plus haut point.
– Aux jeux qu’on voit à la télé y en a une fois beaucoup moins de joueurs sur le plateau… et ils gagnent beaucoup plus. Je m’en suis longtemps gratté la tête et maintenant depuis le temps que nous le savons, nous aurions quand même pu m’inspirer davantage. Mais on s’ refait pas, hein ! même quand on a son âge, dit-on. L’important c’est de jouer, non ?!
Alors, puisqu’il est coutume qu’à chaque élection les journalistes passent les candidats au crible de leurs questions – grand oral oblige –, autorisons-nous en retour un petit regard croisé, quelque commentaire à vif sur les pratiques journalistiques dont nous avons eu à connaître en ces circonstances somme toute exceptionnelles pour nous.
À ce stade il serait temps d’informer l’aimable lecteur qui n’aurait pas encore consulté la page « Qui je suis » – ou qui l’aurait seulement survolé –, qu’en dehors de mon activité de naturopathe, il m’arrive aussi de faire à mes heures perdues – les vraies de vraies, pas les supp’ – un peu de politique, une vraie folie tardive pour essayer d’amener un peu plus d’écologie, de justice, de santé, de durabilité et de sobriété dans notre monde de brutes et que j’en suis, en ce printemps 2017, à ma quatrième campagne. Ce qui ne fait de moi ni un jeunot ni non plus un vieillot de la politique, à voir l’impressionnante panoplie de breloques qu’arborent certains vieux briscards des Palais, flibustiers des Hémicycles et autres boucaniers des Hautes Assemblées, tout fondus, par les concussions et les sempiternels brassages de vents, en écume et ronds-de-cuir.
Étant par ailleurs bien précisé qu’en tant qu’écologiste non aligné j’ai certainement, tout bien pesé, à peu près autant de chance d’être élu que n’en aurait par exemple un ours, un loup ou un arbre. Assimilation qui du reste, soit dit entre nous, n’est pas loin de me flatter.
Oui, consulté je fus. Interviewé je fus. Sondé je fus.
Ainsi par exemple, la question grave, sentencieuse, de l’un des principaux canards de l’Oise – très francilien au cœur et appartenant, au demeurant, au « l’Lion du luxe », à l’initiateur de la sournoise « Opération Mercure » à l’abordage d’Hermès – sur la première mesure à mettre en œuvre par le futur député de la circonscription…
Dans l’entretien que j’eus avec un journaliste d’un hebdomadaire qui porte l’Oise au fronton, j’ai, entre autre, abordé cette même problématique centrale.
Voici donc, in extenso, la réponse que je leur ai adressée par courriel en cette fin mai 2017.
En choisissant ma meilleure plume – la plus douce et la plus ronde – j’espérais secrètement que ce petit procédé scriptural d’un petit candidat d’un petit parti crédité d’un petit sondage leur ferait un petit peu moins peur que si je leur avais asséné verbalement ma mesure, franco, de ma voix tonitruante, du haut de mon Arche d’Alliance, à leurs petites faces blêmes et suffocantes… – enfin, surtout au réveil, à jeun et sans préliminaires.
D’emblée j’ai donné le ton… Comme j’étais parti j’aurai même pu réécrire La Marseillaise…
P.S. : N’auriez-vous point agi comme moi ?!
Si je suis élu député en juin prochain, ma première mesure sera de déclarer un État d’urgence agricole dans la circonscription. D’y lancer, sur le terrain, avec les intéressés, un plan massif de soutien à la petite paysannerie et d’appui à la conversion des exploitations agricoles conventionnelles de la circonscription en agrobiologie (AB). Soutenir les agriculteurs et leurs familles afin qu’ils puissent à nouveau vivre décemment – et fièrement ! – de leur labeur à nourrir les populations. Privilégier le qualitatif en place du quantitatif. Encourager les solutions locales, simples, naturelles. Favoriser l’autonomie, la proximité, la diversité, la ruralité, l’humain. (Pour ceux qui douteraient encore de la validité et de la pertinence de cette approche, cf. les travaux de Pierre Rabhi, Claude et Lydia Bourguignon, Philippe Desbrosses, Amartya Sen, etc.)
Développer/réorienter toutes les infrastructures locales impliquées, de la formation aux métiers à l’accès aux terres, de la mutualisation des outils de travail à la prospection/diversification des débouchés commerciaux, du financement des exploitations à la reconnaissance/réhabilitation de la profession.
Par l’appel conséquent de main-d’œuvre ainsi généré, cela ouvrira une activité pérenne pour de nombreux riverains privés d’emploi et permettra aux Isariens/Oisiens de se nourrir de façon plus saine, plus écologique, plus éthique. Et en retour cette dynamique favorisera la bonne santé des hommes, des animaux, des tissus économiques et sociaux ainsi que, plus largement, de l’environnement.
Cette nécessaire politique locale de retour à la terre et au terroir se réalisera en synergie avec une ambitieuse politique nationale en ce même sens défendue par tous les candidats de l’Alliance Écologiste Indépendante et du Mouvement 100%.
Pourquoi attendre après-demain pour réaliser ce qui aurait déjà dû être fait avant-hier ?! Il en va de notre souveraineté alimentaire.
Richard Heim, candidat de l’Alliance Écologiste Indépendante
à l’élection législative de juin 2017 dans la 1ère circonscription de l’Oise
Nb : Le système en place (pouvoir politique, économique financier, syndical, scientifique, etc.) s’est toujours bien arrangé pour diviser et opposer écologistes et agriculteurs au préjudice du plus grand nombre, de la santé des hommes et de l’environnement
Les premiers contributeurs… oubliés du festin
Pour mémoire… Un tiers des agriculteurs français vit/vivent avec un revenu mensuel inférieur à 350 euros(*) ! (MSA, 2017)
Chiffre qui, ramené au nombre d’heures travaillées, leur laisse une rémunération horaire disparaissant complètement sous le peu de paille qui leur reste !
Voilà l’aboutissement de 50 ans de politique « agricole » menée par ceux qui continûment se revendiquent comme étant les « amis des paysans » – ils sont tous sur la photo, paradant chaque année hardiment au Salon. Je n’ose pas imaginer le résultat s’ils en avaient été adversaires…
Sacrebleu ! Quelle amitié !! Quelle fidélité !! Quelle reconnaissance !!
(*) : Leur revenu moyen annuel se situe entre 13.000 et 15.000 euros, avec néanmoins d’importantes disparités individuelles en faveur de quelques cossus et voraces agro-industriels (même source).
Avis à ceux qui directement ou indirectement nous gouvernent, soutiennent ou tolèrent cet état de fait…
Soyez-en sûrs…
Allons maintenant au résultat et voyons ce que titrent ces mêmes journaux dans leurs éditions respectives.
Commençons par le premier nommé, avec son édition du 30 mai 2017 dont une partie du cahier central était censée faire le zoom sur la première circonscription et ses candidats…
L’on découvre quasiment une page entière dédiée à un ancien travail parlementaire, détaché aux antipodes, d’un jeune candidat de la 2e circonscription, visiblement digne successeur annoncé de son père.
Une autre page affiche « L’insécurité au cœur de la campagne », relève quelques propos tombés sur le marché, fait une brève référence à quatre « grands » candidats et soupèse au doigt mouillé les chances du député sortant (élu au poste depuis 1988 et digne successeur de lui-même et aussi de son père et grand-père par ailleurs aussi avionneurs).
Le minimum minimorum, c’est-à-dire la liste laconique des onze candidats avec mention de leur appartenance politique est tout juste affichée. Et sur ce total six sont mentionnés dans l’article ci-avant évoqué. Les cinq autres, ceux non cités, ont-ils pour quelques obscures raisons démérités ? Leur taille – audience électorale – serait-elle leur tare ?… Ou plutôt, le savant traitement journalistique, gage de prophétie autoréalisatrice ?
Et puis arrive enfin un discret onglet qui renvoie le lecteur vers la version en ligne du journal… Ah ! c’est là-bas qu’elle est la vie, elle est sur Internet !! Ouf ! il reste une petite chance, me dis-je. Ben oui ! le papier journal, c’est de la vie détruite, c’est de la mort qui s’accroche une dernière fois à la vie. Allons voir du côté de la vie !
Cependant je reste passablement sur ma faim. Quelle proportion de lecteurs va avoir envie d’aller consulter les candidatures sur Internet ? Mais l’apparence démocratique est sauve. Et c’est là l’essentiel pour les tireurs de ficelles. Le jeu de dupes peut tranquillement se poursuivre.
Alors je fais l’effort de me connecter et finis après un court instant par trouver la bonne page. Se succèdent une pleine galerie de portraits agrémentés de quelques textes. Je défile le trombinoscope et tombe sur un visage plus que familier. Y a pas de doute, c’est bien moi ! En complément de mon identité et appartenance politique, environ 10% de mon texte initial a été repris(*). C’est un résumé très sommaire. Je peux m’estimer toutefois heureux. D’autres candidats semblent davantage tronqués encore tandis que quelques-uns bénéficient d’un peu plus de largesse. Soit. Un programme ne s’apprécie pas seulement au nombre de ses mots ni à la taille d’une photo.
(*) : Voici mon texte retenu sur le site du journal : « Je déclarerai un État d’urgence agricole et lancerais un plan massif pour appuyer la conversion des exploitations agricoles conventionnelles de la circonscription en agrobiologie (AB). Il faut privilégier le qualitatif à la place du quantitatif. »
Stop ! Au suivant !
Et je continue néanmoins de rester globalement sur ma faim, me disant que décidément la presse écrite n’est plus ce qu’elle était. Typique parole de vieux, non ?!
Le deuxième journal, au contraire du premier, accorde une place conséquente dans son édition du 7 juin aux différents candidats – y compris aux “Poucets” – de chacune des sept circonscriptions du département. L’intervieweur me l’avait préalablement assuré. Il a tenu parole.
Je note avec satisfaction que mes propos ont été fidèlement et largement relayés.
L’implication de cet hebdomadaire en faveur de l’information de ses lecteurs sur les idées-forces en présence dans le processus électoral apparaît de manière patente et contraste fortement avec le minimalisme en la matière du premier nommé.
Rendons-nous maintenant au verdict des urnes…
Le premier tour des élections législatives ce 11 juin 2017 confirme une fois de plus ces constats qui se répètent encore et encore tout au long de ces dernières décennies…
Tonalité d’ensemble : République fatiguée ? Ou électeurs résignés ? Ou les deux à la fois ?!
Voici mon communiqué de presse à l’issue de ce premier tour des élections législatives :
Tout d’abord, je remercie chaleureusement chacune et chacun des 581 électrices et électeurs de la première circonscription de l’Oise qui par leurs suffrages m’ont apporté dimanche dernier leur confiance et témoigné leur solidarité à l’égard de la cause écologiste/écologique qui nous rassemble. Je continuerai au quotidien, ainsi que je le fait depuis des décennies, à inlassablement défendre et promouvoir, sur le terrain, une écologie généreuse, libre, englobante, loin des dogmes stériles et des calculs politiciens.
La hausse graduelle de l’abstention semble suivre la courbe inéluctablement ascendante du changement climatique et de l’érosion galopante de la biodiversité. Cette abstention massive chronique traduit une fêlure grandissante, une lassitude préoccupante, un désarroi inquiétant, une défiance alarmante des citoyens envers la classe politique, ses pratiques déviantes et les lois désuètes qui régissent ce microcosme aux consanguinités mortifères.
Fidèle à mes convictions je ne donne aucune consigne de vote. Aucune voix, aucun suffrage ne m’appartient en propre. Chaque électeur est – ou devrait être – pleinement libre de son choix.
Illusions, contorsions et faux-semblants
Dimanche prochain, la plupart des Français seront à nouveau confrontés à un cruel dilemme : se décider entre des politiciens solidement rivés aux idées obsolètes et de faux néophytes puissamment fuiteurs en avant – croissance, affairisme et business obligent. Une fois de plus, les vrais problèmes du pays et de la planète risquent non seulement de ne pas être entendus et résolus mais d’être carrément balayés sous le tapis du jeu politicard ultra courtermiste. Comme toujours les traitements seront purement anti-symptomatiques, électoralistes, clientélistes ou corporatistes et les causes profondes qui nous rongent continueront à être parfaitement et obstinément ignorées.
Ce sera pour quand la gueule de bois ? Servir, oui. Mais servir qui ?
Puissent les heureux futurs élus à l’Assemblée Nationale ne pas oublier dans leur euphorie l’étroite et fragile base électorale qui leur a permis d’y accéder et se rappeler assidument qu’il convient de défendre en tout temps et en tous lieux les intérêts de la France, des Français et tout spécialement les catégories populaires cyniquement laissées pour compte au bord de l’autoroute de la mondialisation/globalisation. Et sans jamais oublier non plus la planète qui nous abrite et nous nourrit, ni la devise républicaine – doublement séculaire – qui à juste titre nous éclaire.
Richard Heim
Conclusion toute provisoire sur cette année électorale passée
Même si l’écologie a aujourd’hui réussi à déborder et essaimer hors de sa base historique et qu’enfin un nombre croissant de politiciens s’y intéressent et en parlent, j’ai la désagréable sensation que si peu, dans la pratique, l’incarnent vraiment.
Dans le débat politique de ces derniers mois encore (05/2017), l’écologie n’a pas vraiment été évoquée, ni la sécurité/insécurité alimentaire, ni la précarisation galopante des populations, ni la ruine des « territoires » (grand mot fétiche dont raffolent et se gargarisent les politiciens à longueur de discours), ni d’ailleurs l’agriculture, pourtant dominante dans cette circonscription rurale [60-1] – et tant d’autres – où la sécheresse commence à devenir problématique en ce printemps 2017 aux allures d’été.
« Toutes les parties de campagne finissent par des démangeaisons. »
(Paul Valéry) (1871–1945)
Citation détournée de son cadre bucolique – pardon Monsieur Valéry ! – mais si juste également en sa version électorale !
« Aller vite, c’est fondamental », déclarait sur une grande chaîne de radio publique, encore toute grisée par le succès de sa fraîche élection, une députée LREM, fin juin 2017, au lendemain de leur hold-up électoral réussi au nez et à la barbe des Français.
–oOo–
POST-SCRIPTUM
Welcome dans l’empire des Marcheurs !
Permettez-moi ces derniers commentaires, a posteriori, sur la nouvelle – et fringante – marche du pays :
- Fin 2017 : Tiens, on dirait que la marche commence à tourner rond et court. Assemblée de marcheurs ou plutôt troupe de soldats – trouffions ? – godillots avançant au pas cadencé claqué – ein ! zwei ! – de son jupitérien généralissime ?
- Printemps 2018 : Le début du désamour avec le public ?
- Automne 2018 : Y’a du rififi dans l’air. La marche tape dans le jaune, dans le mur – dans le dur, dans le sur. La campagne se rebiffe. Les regrets des dupés se mettent à pleuvoir… De nombreux cocufiés déchantent et démarchent… L’eau de boudin se préciserait-elle ?
- 2019 : Le signal du départ est donné. Quelques rats – courageux, lucides… ou opportunistes – commencent à fuir le navire.
Je ne peux m’empêcher de me demander si le logiciel En Marche dispose ou non d’une marche… arrière ? Elle pourrait lui/leur servir au moins pour manœuvrer.
Mais a-t-il seulement un frein ?!
L’avenir nous le dira.
Patientons. La déroute est en marche !
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